THE KOREAN WAVE - Analyse d'une communauté culturelle (CFI) : les amoureux de la Corée 3/3
3.1/ THE KOREAN WAVE... A l'INALCO

 

L’Institut des langues orientales est au premier rang pour observer cette nouvelle vague venue de l’Est, étant une des seules universités françaises à proposer l’enseignement de la langue coréenne. C’est un microcosme reflétant à plus grande échelle ce nouveau mouvement culturel nommé « Hallyu », qui s’expatrie désormais dans toute l’Europe. La section coréenne est passée de 60 inscrits en L1, il y a à peine quelques années, à 150 en 2010, puis à plus de 300 en 2011. Cet accroissement montre les effets concrets du récent engouement français pour la Corée, qui dépasse désormais les cadres de la musique ou du cinéma pour créer le nouveau « rêve coréen », dans une optique de changement de vie, de métier, d’études.

      

 Pour analyser concrètement ce phénomène culturel, j’ai fait circuler un questionnaire/sondage au sein des différentes promotions de la section coréennes, à savoir majoritairement des L1 et des L2. En tout, 122 personnes ont participé à ce sondage. Le but de cette étude était de comprendre et d’analyser l’enthousiasme récent pour cette langue, et d’en voir les aboutissants concrets. Dans l’enquête, les questions posées étaient en premier lieu, la tranche d’âge, le sexe, puis la langue maternelle, ensuite des questions portées sur la culture et le pays avec des choix multiples : comment avez-vous connu la Corée ? Quand avez-vous commencé à vous y intéresser ? Aimez-vous la KPOP ? Aimez-vous les dramas ? Et s’ensuivaient des questions plus personnelles sur le projet de vie des étudiants : Souhaitez-vous vivre en Corée après vos études ? Y êtes-vous déjà allés ? Que souhaiteriez-vous faire comme métier ? Et pour finir une question libre : qu’est-ce qui vous attire le plus dans un pays comme la Corée ? 

 

3.2/ THE KOREAN WAVE à l'INALCO : le sondage


J'ai d'abord pu observer que la grande majorité des étudiants en coréen ayant répondu à ce questionnaire sont des filles. La vague Hallyu semble toucher en priorité la gente féminine, les rares hommes ayant donné des réponses montrent qu’ils ne s’intéressent pas au phénomène, ou même qu’ils ne sont même pas au courant de son existence. En effet, ils ont répondu presque systématiquement « non » aux questions « aimez-vous la K-pop ou les dramas ? ». Ils sont, par contre, eux aussi imprégnés par la culture coréenne et sont attirés par elle : « Le Corée possède une langue, une gastronomie et une culture unique. ». Pourquoi alors, la culture pop coréenne touche-t-elle davantage les femmes ? Un élément de réponse serait probablement que le public ciblé par cette industrie est avant tout féminin. Bien qu’il y ait de nombreux « girls band », c’est principalement les groupes masculins qui remportent la partie, vis-à-vis des ventes et du nombre de fans. Les femmes sont-elles plus sujettes à montrer leur enthousiasme vis-à-vis de leur groupe fétiche ? Le fait est qu’elles sont une très grande majorité dans le milieu. L’âge moyen est de 20 à 25 ans, suivi de près par la classe des 18-20 ans, et ce sont eux qui se sont montrés les plus enthousiastes vis-à-vis de la vague coréenne, montrant que sa culture pop touche principalement les jeunes adultes.  C’est donc un phénomène plutôt générationnel. En France aussi, se sont bien les dramas qui semblent être les principaux portes porales de la culture coréenne suivis par la K-pop. On peut en déduire que la majorité des étudiants en coréen à l’INALCO n’ont pas découvert la Corée durant un voyage, ils n’y sont d’ailleurs majoritairement jamais allés, mais bien par le biais de ces médias qui dépassent réellement leur état de simple vecteurs de la culture coréenne en entraînant de nombreuses vocations et des changements de vie. En effet, plusieurs personnes ont répondu vouloir travailler dans le milieu musicale ou dans le cinéma après leurs études, mais le domaine qui revient le plus est avant tout lié au commerce international. Ils aiment donc en majorité les dramas et la K-pop, qui leur ont fait découvrir le pays, mais ils ne souhaitent pas travailler dans ces domaines. On peut peut-être voir ici un mélange de culture française et coréenne : des rêves, oui, mais les pieds sur terre.

 

Les personnes ayant répondu à ce questionnaire semblent être moyennement influencées par la culture coréenne, même si c’est elle qui revient majoritairement dans leur critère d’appréciation de ce pays. En effet, à la question « qu’est-ce qui vous attire le plus dans ce pays ? », c’est presque systématiquement que la culture est citée, et quasiment toujours en opposition avec celle de l’occident : « La culture totalement différente de la nôtre. Une autre façon de voir les choses. Le fait de vouloir connaître autre chose que l’Amérique. », « Le sens de l’esthétisme, l’évolution rapide qui mêle tradition et technologie, une culture asiatique différente de la nôtre », « Le fait que tout soit très différent de tout ce que j’ai connu, tant dans la façon de vivre, que dans la tradition et les coutumes. Les valeurs et la vision de la société qui n’est pas la même qu’en Europe et c’est justement ce qui me plait. », « La langue coréenne et le fait que la culture soit à l’opposé de la nôtre. », « Son histoire et sa culture assez différente de la culture occidentale », « le dynamise, l’ambiance, la rapidité administrative », « La culture et la différence de mentalité ». Ce qui plait en Corée ? Sa différence avec la France. C’est assez étonnant de voir que la principale qualité d’un pays est d’être en opposition avec celui dans lequel vivent les étudiants. Comment expliquer la vague coréenne ? Peut-être en observant ce qui se passe en Occident. Une autre réponse qui revient souvent est « son dynamisme, ses opportunités, son économie ». Les jeunes français n’auraient-ils plus confiance en leur pays, concernant leur avenir ? Ils souhaitent « voir ailleurs », ils aiment une culture très différente de la-leur et s’en imprègnent. Peut-être recherchent-ils là-bas ce qu’ils ne trouvent pas ici. La culture est donc un élément clef du succès de ce pays, avec ses codes, ses principes, ses traditions, son système de vie et surtout son marketing national. Les fans étrangers s’y retrouvent et forment une nouvelle communauté avec ses règles et ses emblèmes : les dramas, la K-pop, la modernité, et certaines valeurs morales. Ce ne sont donc pas des goodies ou des biens que recherchent ceux qui aiment la Corée, mais plutôt un changement radical de vie.

 

Et c’est certainement ce qui rend leur attachement à ce pays presque inébranlable.

 
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